Définition : Collecte et exploitation des données personnelles

Toutes les traces numériques que nous laissons par notre activité en ligne constituent autant de données personnelles que nous abandonnons volontairement ou involontairement à de très nombreuses entreprises qui ne vivent que grâce à ça, dont le modèle économique est basé uniquement sur la collecte, l'exploitation et la revente de ces données, bien souvent sans notre consentement, ou du moins en ayant obtenu notre consentement de manière détournée (#DarkPatterns) :

https://www.cyroul.com/societe-digitale/tendances/petit-guide-des-dark-patterns-les-mauvaises-pratiques-qui-pourrissent-linternet/

https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/pieges-sur-les-sites-de-commerce-en-ligne-attention-aux-dark-patterns

 

L'image ci-contre est un parfait exemple de dark pattern « à tiroir », plutôt sophistiqué car doublement trompeur.

Il s'agit de forcer l'utilisateur à accepter le dépôt de cookies sur son ordinateur en cliquant sur le gros bouton bien visible au lieu de les refuser pour protéger ses données (petit lien en-dessous).

Mais ce site a aussi pensé à rajouter un 2e lien trompeur intitulé « Fermer et accepter » caché en haut à droite, c'est à dire précisément à l'endroit où de nombreux utilisateurs commencent à s'habituer à voir affiché le lien qui permet en principe de « Continuer sans accepter »… Un clic trop rapide, sans lire et par la force de l'habitude, sur ce lien qui sert très souvent à refuser, et hop ! C'est vraiment sournois et pervers de la part de ce site qui a imaginé cette interface.

Voir au bas de cette page le dossier spécial de la CNIL à ce sujet.

Rappel : Les données personnelles : une manne économique

Avec ces quelques images, on se rend compte de l'importance des enjeux liés à l'exploitation de nos données personnelles par ces « géants » d'internet, à travers les sommes astronomiques de leurs revenus (dans une moindre mesure pour Apple dont le modèle économique est davantage lié au matériel qu'il vend).

Où l'on s'aperçoit au passage qu'on parle bien de « GAFAM », sans oublier le « M » de Microsoft, contrairement à ce qu'on a tendance à voir en ce moment dans les médias qui ne parlent que de « GAFA », on se demande bien pourquoi...

Les 5 plus grosses entreprises mondiales par leur valeur en bourse (plus de 3300 milliards de dollars en tout) sont depuis des années toutes dans le domaine des technologies et du numérique.

Il n'y en avait qu'une seule sur 5 de 2001 à 2011 (Microsoft puis Apple).

On note actuellement l'apparition de Nvidia dans ce top 5 en 2024. Cela s'explique par l'explosion de la demande en ce qui concerne les puces de calcul nécessaires dans le développement d'outils liés à l'Intelligence Artificielle.

Explosion des revenus annuels depuis des années

Leurs revenus annuels ont littéralement explosé entre 2002 et 2017, avec des évolutions relativement inconcevables si on les exprime en pourcentage puisqu'on observe des chiffres comme + 4400 % pour Amazon par exemple, ou « mieux » encore avec un + 27000 % pour Google !

L'évolution de ces revenus annuels, en milliards de dollars, sur un même graphique pour ces 5 entreprises, de 2008 à 2018.

Les bénéfices évoluent bien évidemment de manière similaire…

On note même une augmentation encore plus grande des bénéfices pendant les années COVID.

Avec des chiffres qu'on est obligé de ramener à une valeur par seconde, tellement les sommes donnent le tournis.

Youtube double ses revenus

Entre 2017 à 2020, YouTube a plus que largement doublé ses revenus publicitaires !

Et ça augmente encore à l'heure actuelle.

Un lobbying toujours plus puissant en Europe…

Évidemment, des sommes importantes sont dépensées par ces entreprises en opérations de lobbying, en tout premier lieu auprès de la Commission Européenne à Bruxelles. On comprend aisément pourquoi.

… et aux USA

Ces entreprises étant toutes américaines, elles consacrent des sommes encore plus importantes pour leur lobbying auprès du gouvernement fédéral à Washington.

Le point commun entre ces deux derniers graphiques ? Google est l'entreprise qui dépense le plus pour influencer les gouvernements et imposer sa présence, bien qu'ayant un revenu annuel plus faible que Amazon ou Apple.

Comment les GAFAM génèrent leurs milliards ?

Pour Google et Facebook (sans aucune surprise, malheureusement), c'est bien la publicité qui leur rapporte le plus d'argent, qui constitue le cœur de leur modèle économique.

Ce sont bien ces deux entreprises qui sont les plus avides de données personnelles.

Et en 2023, la publicité est encore et toujours au cœur des activités génératrices de revenus pour les GAFAM. Pour Facebook et Google c'est toujours l'activité principale.

Paradis fiscaux…

Il faut bien mettre à l'abri tous ces milliards de dollars récoltés annuellement, on retrouve donc logiquement 3 de ces 5 entreprises GAFAM dans le Top10 des entreprises américaines qui stockent le plus d'argent dans des paradis fiscaux.

 

On ne sait jamais, des fois qu'on leur ferait payer des impôts dessus...

Mais puisqu'on vous dit que c'est légal ! C'est de « l'optimisation fiscale ».

Collecte de données personnelles à outrance…

Pour bien se rendre compte de la quantité d'informations qui peuvent être collectées, on peut se reporter à cette infographie publiée par « Infographic Journal » et qui présente un liste impressionnante de 58 types de données différentes récupérées par les #GAFAM et autres grandes entreprises du web aujourd'hui.

Sur les 58 types de données différentes :

– Facebook en collecte 48

– Amazon : 41

– Microsoft : 40

– Google : 38

– Apple : 35

Où l'on voit bien que Microsoft mérite largement toute sa place dans le terme #GAFAM alors qu'il est bien souvent oublié pour un simple #GAFA.

L'image ci-contre n'est qu'une vignette d'illustration, l'image entière est trop grande pour être affichée dans cette page.

Cliquez sur ce lien pour visualiser l'image en entier

Des amendes… ? #OSEF

Cette collecte organisée de données à caractère personnel effectuée par la quasi-totalité des acteurs du Web, petits, grands ou géants, donne bien évidemment lieu – trop rarement – à des plaintes de la part de consommateurs ou d'organismes de protection des utilisateurs (comme la CNIL).

Ces plaintes débouchent – encore plus rarement – sur des amendes infligées aux compagnies impliquées. Amendes qui sont ridiculement basses (malgré leurs montants qui peuvent paraître impressionnant) en comparaison avec les profits réalisés par ces entreprises.

Elles se fichent totalement des ces sanctions qui passent en « pertes et profits » ; c'est le prix à payer pour conserver leur place dominante, augmenter encore leurs collectes de données et donc, leurs bénéfices.

Complément : CNIL : « La Forme des choix - Données personnelles, design et frictions désirables »

Le laboratoire d'innovation numérique de la CNIL (LINC) publie son 6e cahier Innovation et prospective, « La Forme des choix - Données personnelles, design et frictions désirables » : une exploration des enjeux du design dans la conception des services numériques, au prisme de la protection des données et des libertés.

Où sont détaillées et étudiées certaines pratiques méprisables dans le design d'interface, comme ces fameux dark patterns cités plus haut, pour arriver à obtenir un consentement de manière abusive, parce que tous les moyens sont bons pour collecter un maximum de données personnelles.

Complément : CNIL : « Données, empreinte et libertés »

Conseil : 35 Questions / Réponses sur le RGPD

Comprendre et appliquer la réglementation relative aux données dans les établissements scolaires.